Le Colosse Aux Pieds D’Argile :
- Mr CGV
- 8 août 2023
- 6 min de lecture




Voici une bonne vingtaine d’années qu’on nous parle de la révolution numérique. On nous promet que tout se fera sur internet, que sans internet on ne peut plus rien faire. Ça fait une bonne vingtaine d’années que les commerçants se plaignent des achats sur internet, qu’à cause d’internet ils ne deviendront plus que des vitrines et fermeront petit à petit… Mais un commerçant qui ne se plaint pas, c’est comme un agriculteur qui ne se plaint pas, c’est comme un fonctionnaire qui travaille. On en a entendu parlé, mais personne n’en a jamais vu. On a plus de chances de trouver le monstre du Loch Ness.


Il est vrai qu’on fait de plus en plus de choses sur internet. Parfois même ça pourrait être mieux que de le faire dans le monde réel. Par exemple l’État a ouvert la moitié d’un oeil et s’est rendu compte des usines à gaz qu’il avait lui même mis en place. Alors il a décidé de tout simplifier. Sauf qu’il ne s’est contenté que de simplifier la façade. Derrière il est reste toujours les mêmes structures qui reposent toutes sur leurs machines à café autour desquelles tous les salariés sont réunis pour la vénérer. Dans les bureaux au mieux il n’y a personne, au pire il n’y a que des incapables. Et l’État en est le seul fautif. S’il était capable d’exprimer clairement sa volonté, de suivre son élaboration et de s’assurer de la mise en oeuvre de sa volonté, l’administration n’en serait pas là.
Ceci est à l’image de tout le reste. Vous savez ces petits commerçants qui tremblaient devant la menace d’Amazon. La grande distribution qui n’avait de cesse de pointer du doigt Amazon, plutôt que de se remettre en cause. Un peu comme La Poste qui pleure la baisse du trafic courrier et colis alors elle augmente ses tarifs, au lieu de se remettre en cause et d’essayer d’améliorer ses services, d’améliorer sa qualité… Non tout ce petit monde n’a fait que pleurer parce qu’il était menacer par le géant Amazon. Et à force de pleurer que le méchant géant allait les faire mourir et les dévorer sans rien faire d’autre, beaucoup ont disparu, beaucoup vacillent et tentent de ne pas sombrer. Comme ces géants de la grande distribution, Casino qui ne cessent d’être « sauvé » par des investisseurs qui d’année en année perdent de l’argent puis cessent un jour de perdre de l’argent en se retirant. Comme Carrefour, qui ne sait faire que des plans de « restructuration », sans jamais innover… Et Amazon se gave en bourse de faire trembler tous ses concurrents qui ne font rien.

Alors que si Amazon vaut tant de milliards de dollars, c’est uniquement sur sa capitalisation boursière, pas sur sa valeur réelle. Si tous ces soit-disants commerçants (grands et petits) avaient fait autre chose que trembler, Amazon ne serait pas ce qu’il est. Et il semblerait que ce qui était promis à beaucoup de petits commerçants ne se produisent pas vraiment. Parce qu’il y a une faille. Une faille qu’Amazon n’avait pas vu tant il se voyait grand et fort en faisant trembler autant de monde. Cette faille c’est sa gourmandise. Amazon s’est tellement gavé en ne faisant rien, qu’il a développer cette méthode. Normal, ça ne demande rien et c’est efficace.
Tant et si bien que beaucoup de fabricants, se sont référencés chez Amazon. Et Amazon leur facture à grand prix la vitrine qu’il leur offre. Et sans personne n’y trouve quoi que ce soit à redire, Amazon facture également aux clients la vitrine qu’il leur propose. Ainsi quand vous achetez un article d’un revendeur sur Amazon, celui-ci paie (plus ou moins directement) les frais de port qui vous sont facturés. C’est ce dernier qui s’occupe de l’expédition… Amazon ne fait que récupérer des informations sur l’expédition pour vous les retransmettre. Jusque là je ne vous apprends rien. Si ce n’est que vous avez payé comme l’expéditeur des frais. D’un coté pour vous ce sont des frais de port et de l’autre ce sont des frais « d’exposition ». Parce qu’Amazon est devenu qu’on le veuille ou non une vitrine incontournable. Et c’est là que ce trouve la faille. De plus en plus de ces revendeurs ont ouvert les yeux. Et ils se sont rendus compte d’un tout petit détail. Ils peuvent être référencés sur Amazon, mais ils ne sont obligés de vendre par Amazon. De plus en plus sont donc présents sur Amazon. De plus en plus, vous constaterez que les délais sont plus que vagues lorsque vous commandez un de leurs articles sur Amazon. En revanche, si vous commandez sur leur site, ou dans leur boutique, vous pouvez avoir cet article très rapidement. Et depuis quelques mois, c’est ce j’ai constaté. Beaucoup d’articles que je commandais régulièrement ou ponctuellement, avaient des délais très aléatoires. Au mieux Amazon m’annonçait des délais raisonnables (puisqu’abonné Prime), puis la veille de la livraison m’informait dans un mail automatique que ma livraison était reportée à une date ultérieure mais qui restait inconnue. Hors en allant sur le site du commerçant en question l’article était disponible immédiatement et pouvait mettre livré rapidement (malgré tous les problèmes logistiques possibles, envisageables et in-envisageables). C’est LA faille d’Amazon.Et cette faille commence à être connue de beaucoup de ses revendeurs.

Ainsi les revendeurs gagnent bien plus d’argent qu’en vendant sur Amazon tout en bénéficiant de sa vitrine. Et celui qui ne devient qu’une vitrine sans rien derrière est celui dont tout le monde avait peur. On va sur Amazon pour rechercher un produit, on le trouve, et on n’a plus qu’à l’acheter auprès de celui qui est le vendeur réel. Là aussi le circuit court se met en place. L’intermédiaire qui se gave comme la grande distribution est court-circuité. Il met tellement le couteau sous la gorge de ses fournisseurs que même s’ils ont mis longtemps, ils finissent par réagir. Alors bien sur que des Nestlé, Loréal, P&G… s’en fichent et continuent d’alimenter la bête, c’est normal, ils sont pareils, ils seraient mal placés pour s’en plaindre. Mais tous ces producteurs, ces fabricants… tous ces « petits » (dans le lot il y en a pas mal qui n’ont que l’image de petit, comme Léa Nature par exemple) ont compris.

Cette faille, qu’Amazon a jusqu’à présent au moins fait semblant d’ignorer existe et grandi de jour en jour. Vous le savez, j’achète essentiellement des produits bio et/ou éthiques. Et depuis juin, je constate qu’énormément de ces produits sont le cas que je vous ai décrit. Vous pourriez me dire que dans ce cas, j’ai payé un abonnement Prime qui ne va plus me servir. Sauf que cet abonnement Prime est compris dans mon abonnement Free. Qu’il me permet de bénéficier donc des livraisons Amazon gratuites dont je n’ai plus besoin, des promotions Amazon dont je n’ai plus besoin, de Prime vidéo, de Prime musique… Et comme je sui abonné Prime de Deliveroo Plus, d’avantages chez Monoprix… Jusque là Amazon recevait donc de la part de Free, je ne sais combien pour que je sois client chez eux, plus ce qu’ils facturaient aux revendeurs auprès desquels je commandais. Dorénavant ils ne recevront que ce que Free leur donnera, Le reste restera dans la poche de ces revendeurs auprès desquels je commanderai directement et comme bons nombreux d’entre eux le font déjà, le frais de port resteront pour moi ce qu’ils me coutent aujourd’hui, à savoir 0. Et Amazon restera le géant qui fait trembler tout le monde en bourse, jusqu’à ce que les actionnaires se rendent compte qu’ils valorisent une vitrine et rien d’autre. Là LE colosse tremblera sur ses fondations et s’écroulera de lui même, comme il a fait trembler tant de gens.







Ce n’est pas un réquisitoire contre Amazon. Si cet article est un réquisitoire, c’est au mieux contre la passivité de tous ces gens qui ne passent leur temps qu’à crier au loup sans jamais rien faire et en se laissant faire. Vous savez Amazon édite mes livres, je l’en remercie. Au détail près que pour chaque livre qu’il vend, il s’en met plein les poches et me donne les miettes. C’est aussi pour ça que je développe mon site. Comme ces revendeurs, je pourrai vous vendre mes livres au même prix que sur Amazon, sans frais de port, que vous soyez abonné Prime ou pas. Mais ma marge sera nettement plus acceptable que les miettes que me donne Amazon. Je commanderai mes livres à mon tarif éditeur chez Amazon, et je vous les revendrai au prix public. Amazon continuera à gagner logiquement de l’argent, mais uniquement l’argent qu’il doit logiquement gagner, pas l’argent fruit de MON travail.
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